Édition du lundi 23 avril 2007
Machines à voter: le Conseil constitutionnel a dû valider une prolongation des votes après 20H00
Les machines à voter électroniques avec lesquelles 1,4 million de Français devaient exprimer dimanche leur suffrage ont posé «d'énormes problèmes», notamment aux seniors.
Le Conseil constitutionnel, juge de la régularité des opérations électorales, a dû avertir dimanche en fin de journée que les électeurs qui se trouveraient dans la file au moment du gong final, à 20 heures donc, pourront néanmoins voter valablement. «Nous ne voulons pas pénaliser tous ceux qui patientent dans les files d'attente si l'horaire de 20 heures est dépassé», a-t-on expliqué au service de presse du Conseil constitutionnel. 70% des bureaux de vote ont fermé leurs portes à 18h. Le Conseil avait été saisi sur ce point par des maires, notamment celui de Bois-Colombes en région parisienne. Il fonde sa décision sur une jurisprudence du Conseil d'Etat, qui autorise à voter ceux qui se trouvent aux abords des bureaux de vote au moment de leur fermeture.
Les problèmes posés concernent essentiellement laccessibilité des machines aux publics les plus fragiles (personnes âgées ou handicapées).
A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), de nombreux électeurs pestaient dimanche contre les machines à voter, des files d'attente d'une heure à une heure et demi étant signalées dans plusieurs bureaux de vote. Même constatation à Courbevoie (Hauts-de-Seine). A Reims, le scrutin a commencé en retard dans quelques bureaux en raison d'un problème de branchement. Aux Herbiers (Vendée) où il a voté électroniquement, le candidat MPF Philippe de Villiers a parlé de «machines de hasard et à tricher».
A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le maire a décidé dimanche de suspendre le vote électronique pour le second tour de l'élection présidentielle et les législatives en raison des files d'attente devant les bureaux de vote, a indiqué une porte-parole. «Les votes ont été trop lents. C'est pourquoi le maire a décidé ce soir de revenir au papier pour le second tour et pour les élections législatives», a indiqué une porte-parole de la mairie, précisant que cette décision n'était «pas liée à un mauvais fonctionnement des machines». «Il y avait un nombre insuffisant de machines par rapport au nombre d'électeurs», ce qui a créé des files d'attentes «insensées» alors que la participation était très élevée, selon elle. «Ce n'est pas un abandon du vote électronique mais une suspension du vote électronique pour le second tour et les élections législatives», a assuré la mairie de Saint-Malo. Selon des chercheurs du Laboratoire de psychologie de Lorraine (Metz), des essais effectués avant le scrutin de dimanche sur deux des trois types de machines agréées par le ministère de l'Intérieur ont montré que quatre personnes de plus 65 ans sur sept ne sont pas arrivées à voter, selon ces chercheurs. En outre, des quatre déficients visuels placés dans des conditions idéales (pas de bruit ni de pression), un seul a réussi son vote, selon Gabriel Michel, du Laboratoire de psychologie de Lorraine, qui a réalisé ces tests avec trois autres chercheurs, dont un Français, un Canadien et un Brésilien. «Les machines à voter que nous avons pu étudier vont poser d'énormes problèmes d'accessibilité aux populations sensibles (...) et seront pour elles une vraie source de discrimination», estime ce chercheur dans un communiqué.
«Nous avons mis en évidence que la procédure de vote était trop complexe et que l'ergonomie des machines (écran tactile, touches en relief et dialogue vocal) n'était pas adaptée à de nombreux handicaps», ajoute-t-il. «Nous estimons qu'avec ces machines, 25% des électeurs risquent de se tromper de candidat, de ne pas arriver au bout de leur vote ou de rebrousser chemin. Ce qui représente pour cette élection pas moins de 375.000 électeurs», estime le chercheur lorrain en préconisant «l'interdiction du vote électronique en France, comme l'ont fait de nombreux autres pays».c=http://www.b
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